Le 17 novembre 2003 sortait l’excellentissime Mario & Luigi Superstar Saga, premier RPG du genre sur console portable. Près de douze ans plus tard, Nintendo réitère le concept avec un crossover audacieux entre Mario et son acolyte de papier… Verdict ? Une prise de risque (presque) réussie.
Sommaire
Des moustaches et des champignons
Mario est l’une des rares franchises actuelles qui s’offre, depuis toujours, ce luxe d’apparaître dans de nombreux styles de jeux différents. À la manière d’un héros passe-partout, notre plombier préféré semble tout aussi à l’aise dans une arène que sur un terrain de tennis. Et il l’est tout autant au travers de l’univers classique du bon vieux RPG traditionnel, mélange haut en couleur de combats au tour à tour et de quêtes explosives.
Le scénario, comme à son habitude dans l’univers de nos deux moustachus, se base sur un élément déclencheur quelque peu léger, mais pas décousu pour autant.
Au commencement, l’histoire nous plonge au cœur de la demeure d’un certain Luigi qui, n’écoutant que son courage, décide d’escalader son étagère afin de trouver la cause d’un courant d’air. Catastrophe ; après une course poursuite infernale entre un rat (sorti d’un trou) et Luigi (si, si…), ce dernier fait accidentellement chuter un livre du meuble.
Et c’est ici que la magie opère. Le grimoire en question libère les créatures et personnages de papier tout autour du Royaume Champignon… de quoi dérouiller notre binôme moustachu en peine de sensations fortes. Et puisque trois héros valent mieux que deux, le joueur devra composer avec un invité supplémentaire ; Paper Mario (grossièrement intitulé « Mario de papier » dans le jeu), tout droit sorti du livre magique lui aussi !
Ce dernier vous aidera dans votre quête principale, qui consistera à réunir tous les Toads de papier éparpillés aux quatre coins du Royaume ; non pas pour en faire une omelette, mais bel et bien pour tenter de les ramener dans leur dimension d’origine.
Un gameplay revisité
Originellement, difficile de penser à une parfaite association entre les deux univers ; et pourtant, force est de constater qu’on y prend vite goût, même si quelques points noirs viennent entacher l’ensemble…
Calqué sur le gameplay natif de Superstar Saga, Paper Jam Bros propose un environnement coloré, toujours représentatif de l’univers de la franchise. On y retrouve les personnages et ennemis récurrents, et l’on se demande un temps par quel miracle Nintendo réussit à ne pas lasser le joueur dans des affrontements vus et revus.
Le combat au tour à tour, toujours bien pensé, est sensiblement similaire aux précédents opus sur console portable ; le saut, le marteau, la fuite, les attaques groupées et l’utilisation des objets et rationnements. Fort heureusement, ces quelques éléments trop familiers sont accompagnés d’autres concepts bien spécifiques à l’univers.
Les points étoiles obtenus avec les attaques groupées permettent l’utilisation de cartes au combat, lesquelles offrent au joueur de nombreux bonus susceptibles de faire basculer la victoire en sa faveur. Une alternative intéressante aux bonus classiques… Et qui peut être vue comme un clin d’œil apprécié aux cartes hanafuda originellement commercialisées par Nintendo.
Quid des combats de temps réel ? Ceux-ci sont bel et bien présents durant les phases de duels « Titancartons », menés par des géants de papier aux allures des égéries de Nintendo. Bien plus ludique, ce mode vous permettra d’incarner une sorte de Paper-Toy gigantesque pour réduire à néant vos ennemis à l’aide de combinaisons de touches. Car c’est là toute la difficulté de l’opus ; en temps réel ou en combat alterné, une mauvaise gestion des actions peut vous coûter cher ! Il conviendra de mémoriser chaque assaut de chaque ennemi, afin d’esquiver les attaques en pressant les boutons aux bons moments. Il en est de même pour vos attaques groupées ; l’efficacité de ces dernières se voit considérablement réduite en cas de mauvaise coordination… De quoi affiner vos réflexes (ou vous rendre fou).
Une trame linéaire
Bien que jouissant d’un concept se voulant novateur, il est vrai que Paper Jam Bros ne remplit pas tous ses objectifs. Lassant par moments, le jeu ne dispose pas de suffisamment de ressources pour pallier la linéarité d’un univers vu et revu, qu’on a finalement l’impression d’avoir déjà exploré de fond en comble.
Si les accès à quelques lieux sont conditionnés par diverses compétences acquises au fur et à mesure du jeu, rien ne semble assez extravagant pour briser le rythme trop superficiel. C’est comme si l’innovation véritable ne résidait que dans le fait de mélanger deux univers ; du reste, trop peu d’éléments concrets viennent pimenter l’aventure.
Outre ces quelques lacunes, Paper Jam Bros reste un jeu agréable dont on regrette qu’il n’ait pas été plus « poussé » dans ses retranchements. Un mapping plus étendu et diversifié aurait été plus qu’appréciable, à l’image (encore et toujours) de Superstar Saga, une référence visiblement difficile à dépasser !
Dernière mise à jour le 16 décembre 2018