7 ans. Il aura fallu attendre 7 ans pour avoir une suite à The Last of Us sorti en 2013 sur PS3, et un an plus tard dans sa version remastérisée sur PS4. Le titre avait alors déchaîné les passions et les joueurs du monde entier avaient accueilli le titre avec un enthousiasme plus fort qu’un infecté sur un steak bien saignant. La presse spécialisée avait elle aussi été dithyrambique sur ce premier opus. Nous vous invitons ainsi à (re)lire notre test de The Last of Us Part I de l’époque (je me sens un peu vieux lorsque j’emploie cette expression…).
Naughty Dog, qui aurait pu surfer sur le succès de la licence, a pris son temps pour nous concocter une suite grandiose. Le pari était risqué tant le premier jeu a marqué les joueurs. Une suite qui ne serait pas à la hauteur pourrait facilement détruire un mythe. Mais n’attendons pas la conclusion de ce test de TLoU 2 pour le hurler à gorge déployée : cette suite est, encore une fois, un chef-d’œuvre!
Sommaire
Une suite attendue…mais pas par tous !
Je ne vais pas spoiler ce deuxième opus, et encore moins le premier. Un avertissement néanmoins : si vous n’avez pas joué au premier épisode, il serait dommage de vous lancer de suite dans cette seconde partie de l’aventure. Pour ceux d’entre vous qui n’ont pas goûté au sentiment exquis de découvrir The Last of Us pour la première fois, je vous envie presque ! C’est le moment de se délecter avec l’un des titres les plus forts de ces dix dernières années. Cette expérience restera gravée dans votre mémoire de joueur.
À la fin du premier opus, la fin nous avait laissés abasourdis, déboussolés, épuisés par une aventure stressante, peine d’espoir et d’horreur. Si ce final a divisé, il se suffisait à lui-même. Alors pourquoi une suite ? Au risque de décevoir ? De tout gâcher ?
Et bien non, loin de là. 4 années ont passé depuis la première rencontre d’Ellie et Joel. La gamine est maintenant devenue une jeune femme et la relation avec Joel, cheveux encore plus grisonnants, semble délicate, mais toujours empreinte d’un amour père/fille (bien que sans lien de parenté) et d’un profond respect mutuel.
Dans ce monde post-apocalyptique ravagé par une pandémie provoquée par un champignon (le cordyceps), les survivants tentent de s’organiser. Dans le premier épisode, nous découvrions différentes factions comme les Lucioles et la FEDRA. Cette suite intègre également le Front de Libération de Washington (WLF), et les Scars.
Au début de l’aventure, nous retrouvons ainsi Ellie et Joel. La joie de les retrouver à l’écran est immense. Joel, toujours imposant, a les traits marqués par les quatre années qui, l’on s’en doute, ont été difficiles. Quant à Ellie, elle semble avoir du mal dans ses relations avec les adultes. Être une post-adolescente est parfois difficile, imaginez alors une post-ado dans un monde dévasté par une pandémie… Et pourtant, Ellie est encore plus forte que jamais, pleine de convictions et d’assurance. Une ode au féminisme plus que bienvenue.
Si nos deux personnages n’ont pas une vie de tout repos dans la ville de Jackson, les habitants ont parfois des moments de vie qui pourraient presque rappeler la vie d’avant. Avant que l’horreur ne fasse partie du quotidien des rescapés. La vie s’organise alors dans un semblant de normalité, là où les patrouilles quotidiennes nous rappellent que les infectés ne sont jamais bien loin.
La routine post-apocalyptique d’Ellie va alors prendre fin suite à un terrible drame qui touche la communauté. La jeune femme va alors entreprendre un long voyage jusqu’à Seattle. Face aux dangers, elle pourra compter sur son amie Dina, pour qui ses sentiments amoureux sont difficilement dissimulables.
Inutile d’aller plus loin dans la narration, l’intrique de The Last of Us Part II ne se raconte pas. Elle se vit, manette en main.
Des mécaniques simples, mais efficaces
Si les mécaniques de jeux étaient simples dans The Last of Us, elles restaient efficaces. The Last of Us Part II a su conserver la jouabilité du premier jeu, tout en apportant de belles nouveautés. Les personnages peuvent maintenant se baisser, jusqu’à ramper à terre. Situation idéale pour se cacher des ennemis dans les hautes herbes. Tel l’héritage d’une Lara Croft, il est également possible de sauter d’une plateforme à l’autre ou de descendre en rappel. Le gameplay, sans être complètement refondu, se voit ainsi renouvelé.
Les armes ont aussi subi des améliorations intéressantes. Si les munitions s’épuisent vite, vous pouvez en trouver régulièrement en fouillant les niveaux. Mieux encore, des établis disséminés dans les maps vous permettent d’améliorer vos armes. Fouiller les moindres recoins à la recherche de matériel devient rapidement une nécessité.
Les établis vous permettent d’upgrader vos armes
Une IA améliorée
Naughty Dog a accordé un soin tout particulier à l’intelligence des ennemis (des humains tout du moins). Ces derniers communiquent entre eux pour mieux vous encercler. Un exemple parmi d’autres : lorsque vous tirez votre dernière cartouche, le personnage le plus proche de vous avertira ses comparses de votre manque de munitions. L’immersion des combats s’en trouve renforcée.
Les personnages amis qui vous accompagnent ne sont pas oubliés pour autant. Ils sont parfois capables de prendre des décisions et de vous apporter une aide précieuse lors d’un combat rapproché où vous perdez l’avantage.
Des graphismes jubilatoires au service d’une forte immersion
Rarement un jeu n’aura autant été immersif. Les graphismes oscillent entre le très beau et le magnifique. Comme pour le premier opus sorti en fin de vie de la PS3, les développeurs ont su tirer la substantifique moelle de la PS4 qui va bientôt laisser place à la génération suivante, la PS5. Le studio signe là sa plus belle réalisation technique. Non content de proposer du sublime, Naughty Dog enfonce le clou en poussant les détails à l’extrême. Si les décors sont somptueux, le joueur est immergé dans un monde plus réaliste que jamais. Certains niveau frôlent le photoréalisme. Le zombie est dans les détails. Les particules sont extrêmement bien maîtrisées : effet de poussière, neige, pluie, spores, lumière traversant les branchages… Tout est magnifique dans ce monde de désolation.
Quant aux personnages, ils sont vivants. La technique du motion capture n’est pas nouvelle. Pourtant, nous avons ici franchi un cap. Le jeu d’acteur est magnifié par des expressions faciales hors du commun. Et surtout tellement humaines. On ressent l’espoir, la détresse, la soif de vengeance, l’amour… Tant de sentiments parfaitement exprimés au travers des personnages à l’écran. On n’est plus seulement spectateur ou joueur, on est acteur. On ressent les sentiments des êtres qui s’animent à l’écran. On comprend que dans ce monde, tout n’est pas noir ou blanc. On éprouve de la compassion pour ses ennemis. Bref, on ne sort pas indemne de cette fabuleuse histoire.
Tout au long du jeu, le studio joue avec nos nerfs et nos émotions. La brutalité de ce monde post-apocalyptique n’est jamais gratuite. Contrairement à ce que l’on pouvait reprocher à un titre comme Days Gone, la violence n’est pas gratuite. Rien ne se fait sans raison.
Mais surtout, ces prouesses sont avant tout desservies par une narration hors pair.
Une narration grandiose
Le storytelling est parfaitement maîtrisé par le studio californien. Un savant mélange de gameplay, de cutscene et de flash-back nous laisse en pression constante. Si le pitch de l’histoire pourrait sembler simple, il est merveilleusement raconté. Naughty Dog a intégré depuis longtemps les secrets des films et séries qui tiennent en haleine.
Si certains personnages secondaires avaient pu être plus approfondis, c’est très certainement faute de temps. La trentaine d’heures nécessaires à boucler le jeu ne suffisent pas à suivre plus loin des destins qui semblaient pourtant intéressant d’écrire. Quant aux personnages principaux, chacun d’eux est attachant, avec une dimension humaine qu’il est rare de retrouver dans le septième art, et plus encore dans un “simple” jeu vidéo…